Les actes libérateurs

Avant-propos

Des actes simples, faciles d’accès et n’engageant aucun investissement financier peuvent-ils transformer la plupart des difficultés personnelles héritées de l’histoire familiale ? Sans remettre en cause les innombrables vertus de la parole et celles de la psychanalyse, la prescription de micro-rituels symboliques semble être d’une efficacité surprenante.
Et si se confier demeure un besoin fondamental, poser des actes revient à manier des symboles clés qui feront se mouvoir les contenus inconscients. En terme de changement, cette démarche peut s’avérer d’une grande portée.
Conseiller des actes concrets afin de répondre aux demandes classiques en psychothérapie semble constituer une pratique pleine d’avenir, même si celle-ci est probablement aussi ancienne que l’humanité (les travaux de l’anthropologie moderne nous confirment que toutes les cultures primordiales y font instinctivement référence).
Si le champ des actes symboliques est infini, et si ces derniers peuvent paraître à nos yeux très peu conventionnels, originaux, irrationnels, voire provocateurs, ils reposent néanmoins sur des bases théoriques solides, parmi lesquelles l’usage de la métaphore, celui du principe d’analogie, de l’injonction paradoxale, de la prescription de symptôme, du phénomène de miroir, ou encore celui de la remise en situation (théâtralisation).
Mais avant d’en comprendre les processus subtils, et puisque l’on s’adresse à lui, il nous faut pénétrer peu à peu le monde de l’inconscient, nous ouvrir à l’imaginaire, à la poésie, au merveilleux et à la magie. Êtes-vous prêt à un voyage inédit au pays de la pensée baroque et quelque peu subversive ?
En guise de hors-d’oeuvre, suivons quelques personnalités dont les actes, par nature libres et extravagants, susciteront amusement, inspiration et, sans doute, réflexion. D’autant qu’ils s’accompagnent habituellement d’une consigne chère à Sigmund Freud : «Quelle qu’en soit l’occasion, songez à conserver intact votre sens de l’humour !»

CHAPITRE 1

Se libérer des conventions

«Rien d’autre à déclarer que mon génie !» Oscar Wilde (arrivant aux États-Unis)

Alors que vous rouliez tranquillement au volant de votre voiture, vous est-il jamais arrivé de bifurquer en chemin afin de suivre le panneau «Autres directions» pour voir ce qu’il y avait derrière ces mots énigmatiques qui laissent rêveur… Non ? Oui ?

Inventeurs d’une certaine liberté

Un célèbre dialoguiste français, lui, n’hésitait jamais… non seulement il suivait régulièrement les panneaux «Autres directions», mais il lui arriva de stopper net sa voiture en rase campagne, de signer un chèque en blanc et de courir le glisser entre les feuilles du bottin d’une cabine téléphonique, puis de revenir le sourire aux lèvres et de redémarrer en confiant à son fils Alexandre avec jubilation : «Si quelqu’un trouve ce chèque, nous sommes ruinés ! Aujourd’hui, demain, dans huit jours ou dans cinq ans… Alors maintenant, vivons !»

Cesse d’avoir peur

«Mais papa, on ne peut pas faire ça, ce n’est pas possible ! répondait son fils affolé, du haut de ses dix ans.
– Si, mon chéri, puisque nous le faisons.
– Et si on se fait prendre ?
– Sandro, cesse d’avoir peur. Une fois pour toutes !» La phrase fétiche encourage à cesser d’avoir peur de tout : de l’inconnu, du lendemain, de l’aventure, de la nouveauté, de l’amour, de la société, de la police, des institutions, du ridicule et de soi-même pour conquérir une liberté nouvelle… Lors d’une folle escapade, le jeune garçon fera même la courte échelle à son père qui, sur une lubie, s’est mis en tête d’escalader en pleine nuit le mur d’une demeure jadis connue.